La recherche participative joue un rôle crucial dans le développement socio-économique des pays africains. Cette pratique scientifique, qui réunit des acteurs publics et privés autour d’un projet de recherche commun, est un levier d’innovation puissant pour les entreprises. La recherche collaborative en Afrique contribue également à stimuler les activités de recherche en créant des liens stratégiques et en valorisant l’excellence scientifique de ce continent. De nombreux pays d’Afrique francophone, comme le Sénégal, le Cameroun, le Bénin ou encore la Côte d’Ivoire, rejoignent régulièrement des programmes scientifiques collaboratifs Nord-Sud ou Sud-Sud. Ces initiatives ont pour objectif de soutenir l’innovation africaine dans les domaines de l’environnement, de la santé, de l’agriculture et de l’alimentation. Vous souhaitez en savoir plus sur la recherche participative en Afrique ? État des lieux.
Qu’est-ce que la recherche collaborative en Afrique ?
La recherche collaborative, aussi nommée recherche participative, n’est pas l’apanage des grandes puissances mondiales. Ce concept, élaboré aux États-Unis durant le XXe siècle, s’est rapidement diffusé aux pays d’Amérique latine puis à l’Europe. En Afrique, cette nouvelle manière d’appréhender la recherche ne s’est réellement développée qu’à partir du XXIe siècle.
Définition de la recherche collaborative en Afrique
En Europe, la recherche collaborative (RC) consiste souvent en un partenariat établi entre une institution publique et une entreprise. Cette collaboration scientifique peut également prendre la forme d’un consortium public-privé regroupant divers acteurs ou d’un partenariat entre une société privée et un étudiant en doctorat.
Si l’on peut appliquer la même définition pour la recherche collaborative en Afrique, il existe toutefois quelques nuances. La mise en place d’activités de recherche et de développement (R&D) dans les pays d’Afrique francophone est possible sous réserve que les parties prenantes bénéficient d’un environnement de travail adapté et de financements suffisants.
Une solution aux défis des pays africains en matière de R&D ?
Les bénéfices socio-économiques de la recherche scientifique en Afrique sont bien connus des autorités. Cependant, cette discipline ne décroche que peu de financements de la part des gouvernements. La dépense intérieure brute en R&D reste très faible en Afrique. En 2015, elle ne correspondait qu’à 0,3 % du PIB (produit intérieur brut) du continent.
Les universités de certains pays d’Afrique ne disposent pas d’un environnement suffisamment stimulant et peinent à trouver des ressources pour financer leurs programmes de recherche scientifique. Un projet participatif de R&D impliquant des institutions et des sociétés à l’échelle régionale, nationale ou internationale reste donc la meilleure solution pour renforcer les capacités scientifiques des chercheurs tout en contribuant à la croissance des entreprises de l’Afrique francophone.
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Exemples de partenariats réussis entre institutions africaines et laboratoires de recherche publique en Europe
Depuis les années 2010, les partenariats scientifiques internationaux entre l’Afrique et l’Europe se sont intensifiés. De fructueuses collaborations entre institutions africaines et laboratoires de recherche publique ont ainsi vu le jour telles que l’initiative TSARA, la stratégie d’innovation Global Gateway et le programme ARISE.
L’initiative de recherche TSARA : un projet collaboratif soutenant la transition agricole et alimentaire en Afrique
L’initiative TSARA (Transformer les systèmes alimentaires et l’agriculture par la recherche en partenariat avec l’Afrique) est née en mars 2022. Pilotée par le Cirad et l’INRAE (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), elle a pour but de partager des méthodes, des connaissances et des réseaux en matière de recherche, d’innovation et de financement.
Ce projet de recherche collaborative Afrique-France vise également à co-construire des programmes soutenant les entreprises et les institutions africaines proposant des solutions innovantes dans les domaines de l’environnement, de l’alimentation et de l’agriculture.
En 2024, TSARA compte 22 instituts membres parmi lesquels on citera :
- l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin ;
- l’INERA (Institut de l’environnement et de recherches agricoles) au Burkina Faso ;
- l’IRAD (Institut de recherche agricole pour le développement) au Cameroun ;
- l’INP-HB (Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny) en Côte d’Ivoire ;
- l’Université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) au Sénégal ;
- le Cirad et l’INRAE en France.
Depuis sa fondation, huit groupes thématiques se sont réunis en webinaires. Les chercheurs des instituts membres ont pu dresser un état des lieux des connaissances scientifiques relatives à la durabilité des systèmes alimentaires ou encore à la transition agroécologique de l’agriculture et de l’élevage en Afrique.
Global Gateway Europe-Afrique : une stratégie innovante pour la transformation socio-économique, verte et numérique de l’Afrique
Lancé en 2021 par la Commission européenne, Global Gateway est un programme mondial innovant dont l’objectif est de mettre en place des liens durables entre investisseurs et partenaires dans les domaines suivants :
- énergie verte ;
- transports ;
- numérique ;
- santé ;
- éducation ;
- recherche.
La stratégie Global Gateway Europe-Afrique soutient des initiatives régionales et nationales à impact transformateur en Afrique subsaharienne. « Africa-Europe Green Energy » vise par exemple à fédérer des laboratoires de recherche publique et des entreprises africaines et européennes autour d’un projet de recherche collaborative centré sur le climat et l’énergie.
ARISE : un programme de recherche participative promouvant l’excellence scientifique en Afrique
Fondé fin 2020, ARISE (African Research Initiative for Scientific Excellence) est un projet de recherche collaborative centré sur l’Afrique. Son but ? Promouvoir l’excellence scientifique sur tout le continent.
Grâce à un financement européen s’élevant à plus de 25 millions d’euros sur cinq ans, ARISE offre :
- des bourses pour les jeunes docteurs africains en début de carrière ;
- des subventions de recherche individuelles de 500 000 euros sur cinq ans.
Soutenu par l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) en France, cet ambitieux programme permet de mettre en lumière l’expertise des scientifiques africains en matière d’innovation. Il contribue également à valoriser et à retenir les meilleurs jeunes chercheurs sur le continent.
Les avantages des partenariats Sud-Sud dans la recherche participative en Afrique francophone
La mise en place de partenariats de recherche Nord-Sud possède des avantages évidents pour les entreprises africaines en quête d’innovation. Mais qu’en est-il des collaborations Sud-Sud dans la recherche participative ?
La recherche collaborative en Afrique peut prendre la forme d’un partenariat entre deux pays du Sud présentant un profil semblable et rencontrant les mêmes problématiques. Elle permet ainsi aux acteurs publics et privés engagés de mutualiser leurs ressources afin de financer un projet de R&D commun. Un partenariat Sud-Sud est également idéal pour travailler sur un programme apportant des solutions à des enjeux partagés.
C’est par exemple le cas du Sénégal et du Burkina Faso qui ont travaillé sur un projet de recherche-action participative (RAP) centré sur la gestion des maladies chroniques et l’aménagement des terres salées en Afrique de l’Ouest pour améliorer la vie de leurs populations. Des scientifiques de différentes disciplines (médecine, anthropologie, sociologie, géographie et économie) ont pu partager leurs connaissances et œuvrer à la réussite du programme.
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